La vie communautaire et le service public de restauration scolaire du 1er degré.

Selon la règlementation applicable en vigueur, le service public de restauration scolaire du 1er degré qui est un service public administratif (SPA) relève de la compétence de la commune. Si la commune décide de créer ce service, elle peut le gérer en interne « en régie », ou, confier en partie ou en totalité la gestion à un prestataire extérieur « délégation de service public ».
Tahuata, commune des Marquises de 700 habitants, située à 1600 km de Tahiti, accessible uniquement par la mer ©R Gloaguen

La délégation de service public est une procédure administrative lourde. Les petites structures et les associations ne sont pas toujours en mesure de répondre au cahier des charges imposé. En effet, il faudrait par exemple qu’elles parviennent à supporter le risque financier et à se projeter sur une longue période. Aussi, historiquement, ce sont les établissements scolaires et les parents d’élèves qui ont souvent porté les projets de cantines scolaires en Polynésie française.

Ces deux facteurs pourraient expliquer pourquoi en Polynésie française, certaines cantines scolaires sont gérées pas tout à fait en régie et pas tout à fait en délégation à un prestataire extérieur.

Préparer et servir un repas aux enfants pèsent lourd sur les budgets des communes. Chaque repas nécessite du personnel, des denrées alimentaires et du fret, des énergies, des investissements en bâtiment et en équipements… Des dépenses que les communes peinent à équilibrer. La part des parents d’élèves et les aides sociales versées par le Pays ne suffisent pas à équilibrer les budgets.

Et pourtant, les élus communaux sont conscients de l’importance des cantines scolaires puisque 45 des communes polynésiennes ont un service de restauration scolaire ou un projet de le mettre en place. Pour faire face à ces difficultés et tout de même proposer un service, les petites communes font avec les richesses de leur territoire.

Tahuata, commune des Marquises de 700 habitants, située à 1600 km de Tahiti, accessible uniquement par la mer. La plus petite île de l’archipel se compose de quatre vallées Hapatoni, Motopu, Hanatetena et la principale Vaitahu. Le fonctionnement de cette cantine scolaire peut paraitre atypique mais permet à une trentaine d’élèves de bénéficier d’un repas le midi tous les lundis, mardis et jeudis.

Toute la communauté de l’île participe. En effet, la cantine scolaire est un bâtiment communal construit sur un terrain qui appartient à la mission catholique, cette entente reposant sur une convention entre les deux entités. L’association des parents d’élèves met en place un planning tournant, chacun son tour, les parents d’élèves viennent à la cantine pour préparer bénévolement les repas de la trentaine d’enfants.

 A Fatu Hiva, c’est également l’association des parents d’élèves qui gère la cantine scolaire de Omoa. La cantine sert également trois fois par semaine des repas à la quarantaine d’enfants scolarisés. Il y a également de mis en place un planning tournant. Le principe étant que les familles aient des retombées économiques directes en étant employées tour à tour.

La gestion par une association facilite aussi les achats sur l’île et la négociation en directe, les procédures et délais étant moins importants.

Si depuis Tahiti, ces fonctionnements peuvent paraître atypique, c’est bien la mobilisation de toutes ces personnes qui permet aux enfants de bénéficier d’un repas. Quand on sait que ces enfants quitteront très tôt leur île pour continuer leur scolarité, il paraît indispensable de leur donner tous les moyens pour réussir.