Le service de restauration scolaire dans les atolls isolés

La chef de projet restauration scolaire du SPCPF vient de se rendre sur les atolls de Tikehau, Mataiva Arutua et Kaukura. Sa mission lui a permis de constater que malgré les nombreuses contraintes qu’ils rencontrent, les communes et atolls isolés réussissent à offrir aux enfants scolarisés un service de restauration avec de vrais repas.
La cantine du village de Kaukura©SPCPF

Les contraintes et problèmes communs aux atolls des Tuamotu sont complexes dans de nombreux domaines, et rien n’y est simple comme chacun le sait. En matière de restauration scolaire les problèmes sont spécifiques et on peut citer notamment:

  • L’eau est précieuse et rare sur les atolls, sa potabilité pose question. Les services de restauration scolaire consomment énormément d’eau pour la préparation des repas et le nettoyage des ustensiles et la vaisselle;
  • Le matériel bien que professionnel et tout en inox résiste difficilement à l’air salin et aux embruns des lagons ;
  • La maîtrise des températures est délicate, alors que beaucoup d’atolls ont des soucis pour avoir de l’électricité en continu, ce qui finit par abîmer les chambres froides chargée de conserver les aliments congelés.

Cependant les communes qui ont été visitées ont toutes des projets plus ou moins avancés pour permettre aux enfants de se restaurer pendant les périodes scolaires.

La commune de Rangiroa souhaite que tous les enfants scolarisés de la commune où qu’ils soient puissent bénéficier d’un déjeuner le midi les jours d’écoles. Ainsi, après Avatoru, Tiputa, Makatea et Mataiva, Tikehau ouvrira sa toute nouvelle cantine scolaire à la rentrée scolaire de janvier 2017. Celle-ci devrait accueillir environ 110 enfants. La commune associée se prépare d’arrache-pied, d’ailleurs les agents qui seront affectés à cette cantine sont actuellement à la cantine de Tiputa (Rangiroa) pour apprendre concrètement sur le terrain.

La cantine de Mataiva accueille 42 enfants. Les enfants profitent d’un déjeuner parfois préparé à base des légumes du fa’apu situé derrière l’école. Les produits frais sont un vrai problème, car il est difficile de trouver des légumes en quantité suffisante sur l’île. Il faut souvent attendre le passage du bateau. Les cantinières essayent de préparer des repas à partir du poisson ramené par les pêcheurs, des œufs de l’exploitation locale… mais les enfants sont imprévisibles et ils préfèrent parfois manger des lentilles « comme à la maison ».

A Arutua, l’association de parents d’élèves Tama tini Arutua envisage de mettre en place un goûter le matin et réfléchit à une cantine scolaire « principalement pour les enfants du secteur qui font l’aller-retour uniquement avant et après l’école ». Le village de Arutua est concentré et chacun prend son vélo pour rentrer, certains sont accueillis chez un membre de leur famille. A ce sujet, il est utile de rappeler que la mise en place d’un service de restauration scolaire du 1er degré par une commune n’est pas obligatoire.

A Kaukura, l’association de parents d’élèves s’occupe déjà du goûter et des repas servis tous les jours. Les membres de l’association se relaient chaque semaine pour assurer la gestion de la petite cantine scolaire de l’île : commande et achat des denrées, élaboration des menus, gestions des stocks… Alors qu’en cuisine ce sont des mamans volontaires qui assurent la préparation et le service des repas. La cantine scolaire est gérée un peu comme à la maison pour 45 enfants mais on s’applique à respecter ce que le formateur leur a enseigné lors de son passage en 2015 (à l’occasion de l’état des lieux mené en partenariat avec la direction de la Santé et le CGF). Les enfants sont reçus dans une cantine colorée construite et mise à disposition par la commune. Le maire délégué à lui-même à participé à la construction de cette cantine car ce projet lui tient à cœur malgré des moyens limités.